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Accident de plongée

PISU n°26

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Tiré de l'article SFMU 2020 Pierre Louge à destination des ISP nautique ayant validées la formation ECASC SSO nautique

Les accidents de plongée se définissent comme toute pathologie survenant en cours ou au décours de la plongée. Cependant, tout plongeur peut être victime d’une pathologie sans rapport avec la plongée mais qui pourra se compliquer d’un accident de plongée.

1. L’investigation clinique immédiate

Les circonstances de la plongée connues le plus souvent avant même d’examiner l’accidenté, orientent d’emblée le diagnostic 


– plongée près de la surface, plongeur débutant, exercice d’école de plongée (exercice de sauvetage, ...), remontée en panique : risque de surpression pulmonaire ;

– plongée profonde, de durée et de profondeur importante, non respect de la vitesse de remontée et/ou des paliers : risque d’accident de décompression ;

1.1. Le bilan vital : Bilan habituel secouriste. Prévenir dès que possible le médecin hyperbare référent (SDS16 : Dr Couraud)


1.2. L’investigation diagnostique
Difficile à réaliser sur une embarcation, il permet de classer l’accident dans quelques grands tableaux 
cliniques qui orienteront l’action thérapeutique. 

Demander : « Que s’est-il passé ? » Cet interrogatoire doit être  le plus précis possible.
Simultanément, l’accidenté sera placé sous oxygène pur au masque et une voie veineuse sera posée.
L’examen clinique initial, une fois éloignée l’urgence vitale, doit être le plus complet possible, sans retarder la mise en route du traitement et l’évacuation.

 

1.2.1. Niveau de conscience du plongeur accidenté : score de Glasgow 
1.2.2. Recherche de troubles neurologiques

   – des troubles sensitifs subjectifs (sensation anormale de qualité variable, douleurs, fourmillements, picotements, peau cartonnée, etc.) ;

   – des troubles sensitifs objectifs (sensibilité tactile par manoeuvre de piquetouche, sensibilité thermo-algésique) ;
   – des troubles moteurs (exploration de la force musculaire de chaque segment de membre symétrique, examen des réflexes ostéo-tendineux et cutanés) ;
   – des troubles sphynctériens (en particulier urinaires).

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Ce score ASIA moteur doit être complété par le score ASIA sensitif permettant de déterminer des signes objectifs et subjectifs d’atteinte neurologique.

2. Les grands tableaux 


1. Tableaux simples : sans détresse vitale immédiate, et dont le diagnostic ne pose pas de problème :

a) Neurologique franc : troubles moteurs, sensitifs, sensoriels.
b) Cochléo-vestibulaire : Vertiges, nausées.

c) Douloureux :

– articulaire = « bend « ;
– auriculaire = Barotraumatisme auriculaire ;
– face = Barotraumatisme sinusien ou dentaire.

2. Tableaux intriqués : qui peuvent poser des problèmes diagnostiques

a) Asphyxique :

– dégazage massif pulmonaire (Accident De Désaturation = ADD)
– pneumothorax (Surpression ± ADD)
– noyade

– Œdème pulmonaire d'immersion.

b) Convulsion, coma :
    – dégazage massif cérébral ;
    – hyperoxie.

 c) État de mort apparente : tout peut y amener.

 

3. Tableaux trompeurs :
     a) non reconnus par les plongeurs :

– asthénie intense, sans rapport avec les efforts effectués ;
– dyspnée passagère ou persistante (= « chokes, oedème pulmonaire d’immersion).

b) cachés par les plongeurs :
Signes discrets ignorés, refus inconscient ou conscient de son accident. 40 % des accidents de décompression apparaissent pour des plongées standard ; le respect des tables n’implique pas l’absence de risque d’accident !...
Il faut être vigilant, lorsqu’un plongeur n’est pas tout à fait dans son état normal mais affirme que tout va bien (euphorie, prostration...).

 

3. Les gestes thérapeutiques immédiats 
Sur les lieux de la plongée, remplir la fiche de prise en charge FFESSM présente avec le score ASIA et le présent protocole dans le classeur du VPL. 
« Un plongeur accidenté est un noyé, déshydraté, hypotherme en puissance. »
Toute détresse vitale impose sa prise en charge :

– ventilation à l’oxygène pur au masque à haute concentration (15 l/min) ;
– intubation ;

– aspiration ;
– MCE, etc.

L’oxygénothérapie normobare au masque ou à l’insufflateur, recommandation de type 1 immédiatement.
L’hydratation PO ou IV. Le bilan neurologique doit permettre, une fois toute détresse vitale écartée, de déterminer l’urgence et l’orientation de l’évacuation. La présence de signes neurologiques traduit une urgence d’évacuation. Si l’accidenté est conscient, et en l’absence de signes digestifs, le faire boire abondamment (0,5 à 1 l dans les premières heures), le réchauffer et lui administrer 500 mg d’aspirine per-os. Recommandation de type 3
Le but est d’évacuer dans les meilleures conditions l’accidenté vers un centre hyperbare.


    – barotraumatisme pulmonaire avec signes généraux et neurologiques :
        • mise en place d’une voie veineuse avec un Ringer Lactate 500 ml ;
        • pose d’un drain thoracique si pneumothorax suffocant ;
        • injection directe dans la tubulure de 250 mg d’Aspegic
   – accident de désaturation :
        • après pose d’une voie veineuse, mise en place d’un hydroxyéthylamidon type Elohes
        ® 500 ml à passer en 2 heures ou plus rapidement si collapsus ;
        • injection directe (IVD) dans la tubulure de 250 mg d’ASPEGIC
        • mettre en « Y » un flacon de 250 ml de soluté isotonique (Serum Sale Iso)
       contenant : 
         – 100 mg de pentoxifylline (Torental ® 5 ml, 1 ampoule) ;
         – 5 mg de nicergoline (Sermion ® 1 flacon) à passer en 1 heure.

   – Œdème pulmonaire d'immersion :

  • Mise en place de la VNI ; ventilation spontanée, PEP 7 cm d'H2O, FIO2 100%


4. Enquête étiologique
Elle peut et devrait être effectuée en même temps que les gestes thérapeutiques sans les retarder. C’est pourquoi, ce chapitre a été placé après la thérapeutique immédiate.
Cependant, l’analyse du déroulement de la plongée en cause, la recherche des facteurs favorisants, l’étude chronologique et l’évolution de la symptomatologie sont d’un intérêt primordial dans l’orientation diagnostique sur les lieux de la plongée et étiologique à l’arrivée au centre hyperbare.
Il est donc nécessaire, en s’adressant au plongeur, à ses coéquipiers et au directeur de plongée, d’étudier successivement.

4.1. La chronologie de la plongée
Cela correspondant à l’ensemble des paramètres de la plongée en cause :
    – profondeur ;
    – heure de départ surface ;
    – heure de départ fond ;
    – vitesse de remontée ;
    – paliers ;
    – heure de sortie de l’eau etc.
4.2. Les circonstances de la plongée
Elles permettent d’orienter le diagnostic en complétant la simple chronologie de la plongée en cause.
Tout incident survenu au cours et à la suite de la plongée doit être rapporté (conditions météorologiques particulières, type de plongée, difficulté à équilibrer, travail musculaire important au fond ou en surface, incident technique, etc.).
4.3. Les facteurs favorisants
Par l’analyse de l’emploi du temps des dernières 48 heures :
    – activité physique et subaquatique ;
    – sommeil ;
    – traitements médicamenteux ;
    – contraintes physiques et psychologiques.
La qualification du plongeur et son niveau d’entraînement au moment de l’accident sont également à prendre en compte.

 

5. L’évacuation du plongeur accidenté
    5.1. Transport sous oxygénothérapie
Tout devra être mis en oeuvre pour rejoindre dans les délais les plus courts un caisson hyperbare avec une FiOé 100% ;
    5.2. Les fiches bilan
La fiche bilan ISP + le score ASIA + la fiche FFESSM collecte les éléments permettant au médecin régulateur de déterminer l’urgence de l’évacuation. Ces trois fiches accompagnent le patient au caisson. 

    5.3. Les moyens d’évacuation
L’hélicoptère est le moyen de choix. Pour éviter toute aggravation d’un ADD, l’altitude de vol ne devra pas excéder de 300 mètres l'altitude de prise en charge de l'accidenté, l’optimum étant 100 mètres.

PISU n°26 - Mise à jour n° 20250530

validé par : Dr Audfray ; Dr Coillot ; Dr Couraud ; Dr Poumailloux ; 

© 2023  par Médecin Colonel Fabrice Couraud . Créé avec Wix.com

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